En 1989, l’Union soviétique s’est effondrée. 450 ans d’assistanat social prodigué par des tsars rouges et blancs ont pris fin. La démocratie devenait soudain le mot magique. Mais il n’a pas beaucoup servi. La réalité ressemblait davantage à du capitalisme sauvage et à une sape de l’autorité étatique. Jusqu’à ce qu’un ancien officier du KGB reprenne le sceptre. Fin de l’histoire. Comment la démocratie pourrait-elle tout à coup fonctionner sans sensibilisation ni aptitude des personnes concernées?
L’article 8 de la Convention relative aux droits des personnes handicapées (CDPH) porte sur la sensibilisation. La mission qui incombe à la société y est formulée ainsi:
«Les personnes dites normales doivent se bouger afin d’initier un mouvement. L’autonomie des personnes en situation de handicap ne peut être renforcée que si l’attitude fondamentale change. Afin de passer d’une «assistance» globale et universelle à un soutien souhaité et adapté à chaque situation.»
De nombreuses institutions sociales s’occupent déjà de la mise en œuvre la CDPH. Qu’ils soient modestes ou d’envergure, les projets ont en commun: l’envie d’évoluer et la curiosité d’apprendre. Si la CDPH constitue effectivement un bon matériau théorique, ce n’est que dans la pratique qu’elle prendra vie.
Les trois associations INSOS, Curaviva et vahs ont également commencé à réfléchir à leur propre travail il y a une année et demi déjà. Depuis, divers groupes ont accompli des tâches importantes: ils ont inscrit des objectifs pour la branche dans un plan d’action. La sensibilisation, en particulier dans le cadre de la formation des professionnels et des responsables, y occupe une place de choix. Le plan d’action sera présenté à un large public début 2019.
«Les articles de la CDPH constituent une base importante pour la réflexion sur les droits et les chances des personnes en situation de handicap. Mais ils n’existeront que si la société les fait vivre effectivement.»
Dans son deuxième rapport sur la politique en faveur des personnes handicapées, le Conseil fédéral a fait d’étonnantes déclarations. Pour la première fois, il parle explicitement d’une tâche qui implique la société dans sa globalité et non plus exclusivement d’une tâche de la politique sociale. Autrement dit, la politique en faveur des personnes handicapées ne doit plus être comprise comme une tâche supplémentaire pénible.
La démarche est certainement très louable. Mais une nouvelle politique en faveur des personnes handicapées doit réunir tous les acteurs autour de la table, aux côtés de la Confédération et des cantons. Et cela pas seulement à la fin du processus pour appliquer des décisions, mais bien dans son élaboration. En effet, un tel processus est dépassé et ne rend pas justice au contenu de la CDPH.
Les institutions ne sont plus depuis longtemps des structures rigides qui se bornent à appliquer les demandes des cantons. Elles sont des fournisseurs de prestations qui souhaitent se confronter comme tels sur un marché ouvert.
Le concept de financement avec une orientation relativement rigide sur les prestations ambulatoires, respectivement stationnaires, n’est plus adapté à la situation actuelle.
«La distinction entre prestations ambulatoires et stationnaires ne fait plus sens aujourd’hui. La perméabilité entre les différentes offres et la flexibilité pour passer d’une offre à l’autre, et donc l’orientation clients, s’imposent.»
L’intégration avant la rente, c’est ce que tout le monde demande. L’engagement de l’employeur, sa volonté d’intégrer des personnes en situation de handicap dans son entreprise, sont des facteurs d’embauche décisifs. Les personnes handicapées ne manquent certainement pas d’engagement dans leur travail. Il s’agit peut-être simplement, en début d’emploi, de mieux cibler et tenir compte des besoins spécifiques de la personne pour trouver le bon fonctionnement.
Le volontariat, c’est bien. Le soutenir avec des mesures incitatives particulières est encore mieux. Pourquoi ne pas imaginer un système de bonus et malus ou l’introduction de quotas? Cela vaut sans doute la peine d’y réfléchir.
La CDPH a incontestablement tout ce qu’il faut pour devenir un train rapide. Pour l’heure,, il y a encore quelques perturbations sur la voie. Les institutions sociales sont sur les rails. Mais rien ne s’opposerait à l’ajout d’un tracé dans le domaine des prestations ambulatoires.
Votre commentaire